vendredi 18 janvier 2013

Le Président (1961)

Si je dois donner une liste de mes réalisateurs préférés et que j'estime être les meilleurs, c'est d'office que je placerais Henri Verneuil. Pourquoi ? Il suffit juste de regarder sa filmographie : "Un Singe en Hiver", "Le clan des Siciliens", "Mayrig", et tant d'autres encore. Sans oublier sa collaboration avec ce qui ce faisait de mieux à l'époque : Michel Audiard a signé la majorité de ses dialogues, et il met brillamment en scène Jean Gabin, Lino Ventura, Bernard Blier ou encore des petits "jeunes" comme Jean-Paul Belmondo ou Alain Delon.
Et lorsqu'il s'attaque à la politique, Henri Verneuil sait se montrer, encore une fois incisif et prend parti sans état d'âme dans ce film mêlant complot, intrigue et dénonciation.

L'histoire :

Ancien président du conseil, Emile Beaufort vit une retraite paisible où il rédige ses mémoires avec l'aide de sa secrétaire Mlle Millerand. Il apprend que son ancien chef de cabinet, Chalamont, a de fortes chances d'être désigné comme président de la république.
(Il est important de préciser que le film remonte à 1961 et qu'à l'époque, le suffrage universel directe n'existait pas encore. Il sera été voté par référendum et approuvé par Charles de Gaulle en 1962.)
Redoutant une prise de pouvoir par les grandes financières du pays, Emile Beaufort se replonge quinze ans en arrière, lors de la fin de sa vie politique, dans une époque où l'Europe n'existait pas encore, mais dont les politiciens du passé (et du présent) s'évertuaient à nous faire passer d'un rêve humaniste à une chimère financière afin de satisfaire leur intérêts personnels plutôt que l'intérêt du peuple.

Pourquoi le (re)découvrir :
Pour Jean Gabin, magistral, encore une fois, en vieux président au verbe parfais, interprétant les mots de Michel Audiard avec son charisme et son talent naturel, jouant ces vieilles bêtes blessées mais jamais vaincues. Son intelligence de jeu, sa gouaille, sa implication et sa générosité nous livre un Président Beaufort à la fois solide mais vulnérable, savant mélange d'Aristide Briand et de Georges Clémenceau., devant se battre devant ses adversaires mais aussi contre les membres de son parti.
A noter aussi son intrigue politique encore d'actualité aujourd'hui dans un contexte de crise financière, causant l'anxiété, et l'intérêt aussi, des économistes et politiques d'autrefois. Pourtant nous n'étions qu'en 1961 et nous n'avions pas encore connu la crise pétrolière à cette époque, néanmoins, à l'époque certains voyaient déjà les prémices de la crise actuelle. Il est important de souligner que la France était en pleine guerre d'Algérie et lutter pour maintenir ses colonies, allusion fortement bien traduite par le monologue de Jean Gabin lors de son discours à l'Assemblée Natonale.
Enfin, il ne faut pas oublier la prestation de Bernard Blier, majestueux en Chalamont, nous montrant qu'il était un très grand tragédien aussi.

Oui, parce qu'il était visionnaire en son temps, "le Président" est un film à (re)découvrir absolument.

Réalisation par Henri Verneuil
Dialogues de Michel Audiard
D'après le roman de George Simenon
Muisque de Maurice Jarre - Ouverture : le Vaisseau Fantôme de Richard Wagner
Avec
Jean Gabin : Le président Emile Beaufort
Bertrand Blier : Philippe Chalamont
Renée Faure : Mme Millerand
Henri Crémieux : Antoine Monteil, ministre des finances


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire